Sans transition


Visite de l'exposition Pinault à Rennes :
Vincent Gicquel
la salle 2 va nous combler avec l’œuvre impressionnante des frères Jake et Dinos Chapman :
Toute l’horreur, l’expérimentation, les malformations, la folie humaine entassées dans neuf vitrines. Cela grouille de terreur, de violence, d’absurdité – Une métaphore du pire. Une dénonciation de la fange, de l’infâme, d’une cruauté sans nom qui va pourtant comporter un risque : celui de rendre l’insupportable : Esthétique. Une contemplation qui remue, interroge … et le nombre de visiteurs agglutiné autour de cet exploit ne trompe pas … à l’inverse de cet enfant dont je me suis courageusement approché afin d’ajouter au trouble. Car à cet instant, personne n’avait encore réalisé qu’il s’agissait d’une œuvre … jusqu’à ce que je décide de rester également immobile. L’agencement des œuvres (comme l’absence de titres) est plutôt pertinente.
La poussette était simplement laissée dans un angle de la salle. Bluffant … et assez proche de l’hyperréalisme de Ron Muek que je rêve de pouvoir apprécier un jour en vrai. https://www.boumbang.com/ron-mueck/
Une autre œuvre, d’une grande maîtrise, sincérité : La chair ici représentée dans sa tragédie, beauté, ironie, décrépitude … tous les sentiments se bousculent.
Une observation/réflexion immédiate, presque imposée, décisive sur la vulnérabilité de l’existence.
Et une dernière pour la « route » … fracassée, fracassante, émouvante, injuste, déconcertante parce qu’elle montre une certaine idée de la (inestimable) beauté, qu’elle soit matérielle ou non – ici exposée, exhibée avec d’atroces blessures … plus inacceptables à concevoir sur une Ferrari Dino que sur un Renault Scénic - La transposition à l’être humain est probablement plus bouleversante ou inquiétante.
Une expo qui a remplie sa mission : « Malgré la tragédie, on conserve l’espoir - Malgré l’horreur, la vie est belle » (pour résumer).
Photo : Gene