Bio



A 8 ans, j’expose mes premiers crayonnés post apocalyptiques (scènes d’allaitements et de décharnements) dans le garage de ma grand-mère.


A l’issue de la manifestation, mémé décide de me faire rencontrer le psychiatre le plus proche.

Ma mère s’interpose et tente de m’orienter vers les aventures merveilleuses de «Martine à la plage».

 

Vers 11 ans, j’expulse une série de poésies absconses sur les prairies, les chatons et la mort.


Ma marraine, pianiste, entreprend de les mettre en musique et la famille crie précocement au génie. L’année suivante, je commencerai à démembrer mes poupées Barbie. Ces dernières viendront se greffer à la pâte à modeler pourpre et dégoulinante sur le plafond de la chambre que je partage avec mon frère jumeau univitellin dont ma ressemblance avec lui égale celle de l’espadrille avec le pignon de pin. Un peu plus tard, j’écraserai des mouches, des fourmis et pour finir, d’imposants crabes normands sur la route de mes seules vacances familiales.

 

Le meurtre est essentiellement expérimental. Il s’agit d’éclater une tête et de voir ce qu’il s’en échappe… comme une âme. Avec les arthropodes, je réalise que le carnage est allé beaucoup trop loin. Je n’obtiendrai rien de révolutionnaire, si ce n’est, à notre retour, une chambre individuelle afin de pouvoir m’épanouir pleinement à l’abri de mes deux frangins (version officielle).

 

Ma scolarité fut effroyablement chaotique. J’exècre très vite l’apprentissage et les déguisements obligatoires. En sport, le port du short engendre une succession de fugues et d’isolements.


Pour mes treize ans, je reçois une boîte de pastels à l’huile. Je reprends le dessin d’une façon étrangement académique, en m’inspirant des maîtres impressionnistes et surréalistes. Cézanne et Magritte n’ont alors plus de secret pour moi. J’ai le sentiment de les avoir parfaitement compris et dépassés, d’être invincible. J’entre dans l’âge ingrat et mes préoccupations picturales deviennent purement esthétiques. J’expose avec d’autres peintres mégalos locaux lors des traditionnels salons d’automne, jusqu’à ce que je décide d’abandonner le superflu et de m’ouvrir sur ma peinture. Un reportage sur Jackson Pollock va me bouleverser. Je vais ensuite m’intéresser à Munch, Atlan, Alechinsky, Baselitz, à tout cet univers, à cette aventure, richesse expressionniste où il est extraordinairement possible de révéler les substances de l’existence. La lecture, et la rencontre avec des écrivains tels que Maupassant, Dostoïevski, Sartre me convaincront également de la quintessence du tragique, de la conscience; de l’essentiel.

 

De 18 ans jusqu’à pratiquement tout le cycle de la vingtaine, je peindrai principalement au pastel gras, puis à la glycéro, en parallèle d’emplois alimentaires tous plus humainement et philosophiquement enrichissants les uns que les autres (nettoyeur de train, maître de chenil, brancardier, ramasseur de balles au golf municipal de Niort, homme de ménage dans un collège privé, animalier dans un parc zoologique etc …)

 

2000 : Découverte de la sexualité sur le très (trop ?) tard. Puis rapidement d’une pluri-sexualité tout aussi ennuyeuse jusqu’à l’expérimentation d’une asexualité exaltante.  

 

2003 : On me tranche la gorge (ablation thyroïdienne). Je bascule dans une angoisse morbide sans précédent et deviens définitivement hypocondriaque.

 

2004 : Après avoir testé pratiquement toutes les régions de France (carrière militaire du père oblige) je m’arrête en Charente-Maritime, et trouve l’atelier idoine. J’ose me confronter à la peinture à l’huile et aux châssis entoilés. Sujet idéalement préparatoire : L’océan. Les marines m’apportent non seulement une improbable sérénité, mais elles me permettront d’accéder aux galeries et de vivre partiellement de ma peinture. Artiste professionnel, je consacre la totalité de mon temps à peindre, et à divertir mes chiens. Protégé par les cieux de l’océan, je peux de nouveau laisser libre cours à mon travail expressionniste.


2012 à nos jours : une Bretagne insoumise, indomptable, aussi généreuse que mystérieuse m’invite à la suivre et à la sublimer.

La peinture ne devient plus un travail - Je me métamorphose en jardinier et n’aspire plus qu’à une seule chose : Assumer la présence de mes petits portraits et leur permettre à tous d’éclore. Gérard Forche

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